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Quand la gauche voit en Macron un nouveau Mac Mahon

Patrice de Mac-Mahon, 1808-1893. La rentrée des classes n’a pas encore sonné, mais, à gauche, les responsables politiques ont déjà plongé dans leurs livres d’histoire pour y retrouver les traces de cet ancien président de la République entêté et peu glorieux, et celles de son mandat (1873-1879) interrompu à la tête du pays.
Un épisode lointain que plusieurs élus tels Manuel Bompard (La France insoumise) et Marine Tondelier (Les Ecologistes) mobilisent comme une arme dans leur bataille face à Emmanuel Macron. Certains affublent même désormais le chef de l’Etat du sobriquet de « Mac-Macron ». En espérant que lui aussi se verra contraint de lâcher le pouvoir.
Les références à Mac-Mahon ont commencé à fleurir en juin, quand Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale. Cette décision abrupte a fait resurgir le souvenir d’une première dissolution hasardeuse, celle décidée par l’ancien maréchal en 1877.
Depuis, le résultat des législatives et surtout la façon dont le chef de l’Etat refuse de nommer la candidate à Matignon de la coalition arrivée en tête ont renforcé le parallèle historique. « Le coup du 26 août 2024 de Macron, excluant de nommer un gouvernement du Nouveau Front populaire [NFP], commence à ressembler au “demi-coup d’Etat” de Mac-Mahon » cent quarante-sept ans plus tôt, juge ainsi Céline Malaisé, conseillère régionale communiste d’Ile-de-France et professeure d’histoire.
Dans les deux cas, une crise grave oppose l’Assemblée nationale au président de la République. En 1877, tout débute le 16 mai. Ce jour-là, alors que les électeurs ont envoyé l’année précédente une nette majorité républicaine au Parlement, Patrice de Mac-Mahon estime qu’il peut imposer ses vues. Il fait démissionner le républicain Jules Simon qui dirigeait le gouvernement mais ne lui convenait plus, et nomme à sa place un monarchiste de droite, le duc Albert de Broglie. Tollé chez les députés, qui rejettent la « politique de réaction et d’aventure » qui leur est promise. Léon Gambetta, le leader de la gauche, fait voter une motion refusant la confiance au duc de Broglie. Devant ce blocage, Mac-Mahon décide de dissoudre la Chambre des députés.
Au Sénat, Victor Hugo s’alarme de l’impact de cette dissolution sur l’économie : « Subitement, le crédit se déconcerte ; la confiance disparaît ; les commandes cessent ; les usines s’éteignent ; les manufactures se ferment », dépeint-il. Il met surtout le président de la République en garde : « Dans trois mois, le suffrage universel vous renverra cette Chambre. La même. Pour vous, pire. Pourquoi ? Parce qu’elle sera la même. » Un peu plus tard, le 15 août, Gambetta promet lui aussi, lors d’un discours tenu à Lille, un violent retour de bâton à Mac-Mahon et à ses amis : « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre. »
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